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Фран.яз биологический сбор / Фран.яз / Christian Lщvъque, Jean-Claude Mounolou Biodiversitщ Dynamique biologique et conservation 2008.pdf
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4.3 Dynamique de la diversité biologique et pressions anthropiques

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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

4.3.4 La surexploitation

La littérature scientifique abonde en descriptions et en imprécations sur les effets de la surexploitation des ressources vivantes, et les extinctions d’espèces qui en résultent. Il est vrai que l’homme a pourchassé et détruit de nombreuses espèces, ou tout au moins mis leur existence en danger. On peut tout aussi bien mentionner le bison européen et diverses espèces de cétacés qui ont failli disparaître, que le pigeon migrateur américain ou le dodo de l’île Maurice qui, eux, ont réellement disparu. La liste des espèces de vertébrés en danger est longue, que ce soit le tigre, le panda, le rhinocéros ou nombre de mammifères marins. Dans certains cas, il s’agissait de satisfaire les besoins alimentaires ou domestiques. Dans d’autres, la chasse intempestive ou la recherche de profits sont en accusation. Ainsi, l’industrie de la fourrure a conduit à la destruction de nombre d’espèces sauvages, de grands prédateurs (panthère, ocelot, loup, renard, etc.). Dans un domaine différent mais moins connu, les collectionneurs (coquillages, insectes, orchidées, etc.) font commerce d’espèces rares et mettent en danger certaines populations d’espèces endémiques. Sans oublier la demande en «médecines traditionnelles» qui s’est fortement accrue en Asie en particulier, et conduit à surexploiter les stocks d’espèces recherchées pour leurs propriétés médicinales.

La pression due à la pêche sur les écosystèmes marins s’est fortement accrue au cours du XXe siècle. La pêche, exploite plus de 3 000 espèces dans le monde. Les captures mondiales culminent actuellement à environ 100 millions de tonnes mais l’exploitation des stocks naturels a atteint ses limites. D’après les statistiques de la FAO, environ la moitié des stocks est pleinement exploitée, et environ un quart est d’ores et déjà surexploité, ou épuisé (10%). Les espèces de poissons marins benthiques de l’Atlantique Nord (morue, aiglefin, merlan, etc.) ont beaucoup souffert d’une pêche trop intensive pendant des dizaines d’années, au point que certaines pêcheries ont disparu. Les chaluts détruisent en outre les fonds et capturent des quantités importantes d’espèces sans valeur commerciale. Pour répondre aux baisses des captures, les professionnels se sont tournés vers d’autres lieux, d’autres espèces. On exploite maintenant dans les grands fonds marins des stocks de poissons qui se renouvellent très lentement (grenadier, empereur, etc.). Ainsi, un empereur peut vivre jusqu’à 125 ans et n’est mature qu’à 22 ans!

Une étude menée par des scientifiques nord-américains laisse entendre que si la pression humaine (surpêche, pollutions et destruction des milieux) continue au rythme actuel, les espèces les plus couramment pêchées aujourd’hui auront entièrement disparu d’ici le milieu du XXIe siècle. La liste rouge des espèces menacées comprend maintenant

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plus d’une centaine d’espèces de poissons marins. Les populations locales de certaines espèces se sont éteintes du fait de la surexploitation. Ainsi, après plus de cinq siècles d’exploitation, la pêcherie de morue de Terre-Neuve qui a largement approvisionné les marchés européens et nord-américains, s’est effondrée.

Une conséquence majeure des pêches est la transformation des chaînes trophiques de l’écosystème marin. La pêche industrielle intensive exploite en priorité les poissons prédateurs à longue durée de vie qui sont les plus appréciés. En quinze ans les océans ont ainsi perdu environ 80% de leurs grands poissons prédateurs (morues, églefins, raies, thons, espadons, etc.). Plusieurs espèces de requins sont d’ores et déjà menacées d’extinction avec des effectifs ayant diminué de 75% en 15 ans. La disparition de ces prédateurs a eu des effets en cascade sur les peuplements marins. Ainsi, la diminution des prédateurs a favorisé le développement des petites espèces à cycle court comme les anchois, les sardines, les harengs dont les stocks sont pleinement exploités aujourd’hui, et certains sont même surexploités. D’autre part, la place laissée vacante par les grands prédateurs est occupée rapidement par les macro-algues, les calmars, les méduses, les oursins, etc. qui ne sont pas particulièrement recherchés.

4.3.5Actions combinées des activités humaines:

la disparition des poissons Cichlidés du lac Victoria

Très souvent, l’érosion de la diversité biologique résulte de l’action combinée de plusieurs facteurs qui peuvent agir en synergie. Un exemple bien connu est celui du lac Victoria en Afrique de l’Est. À la fin des années 1950, un grand poisson prédateur, le Lates niloticus ou «capitaine», y a été introduit pour améliorer la pêche. Le lac Victoria hébergeait alors quelques centaines d’espèces de poissons endémiques de la famille des Cichlidés. Au cours des années 1980, le développement des populations de Lates s’est clairement accompagné de la quasidisparition de dizaines d’espèces de Cichlidés. Par la suite, de nombreuses autres espèces, qu’elles appartiennent ou non à la famille des Cichlidés, se sont également raréfiées. Sur le plan du fonctionnement de l’écosystème et de ses réseaux trophiques, on a assisté à une simplification extrême: les nombreux poissons autochtones ont été remplacés par deux espèces indigènes qui se sont mises elles aussi à proliférer: la crevette détritivore Caridina nilotica, et un poisson zoo planctophage, le cyprinidé Rastrineobola argentea. Ces deux espèces servent de nourriture aux larves et aux juvéniles de Lates depuis la disparition des

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Cichlidés. Quant aux grands Lates ils pratiquent le cannibalisme. Ces observations ont donc conduit la communauté scientifique à stigmatiser l’introduction du Lates niloticus, considéré comme responsable d’un désastre écologique. Cependant d’autres recherches ont mis en exergue la modification des conditions écologiques du lac Victoria, notamment les pollutions et l’eutrophisation des eaux, consécutives au développement des activités agricoles et de l’urbanisation en amont du lac. Des phénomènes susceptibles de perturber fortement la reproduction des Cichlidés. Les conséquences sur la faune lacustre de l’introduction d’un grand prédateur comme le Lates, s’inscrivent donc dans un contexte plus général de modifications du milieu par les activités humaines. Sans nier l’effet du prédateur, il est probable qu’il a été d’autant plus important que les populations de poissons du lac Victoria étaient aussi fragilisées par d’autres perturbations.

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.

4.3.6 Les non-dits

Si l’on dénonce régulièrement l’impact de l’homme sur la biodiversité, dont les conséquences principales sont les transformations physiques de la biosphère, on reste par contre assez silencieux sur les ressorts socioéconomiques qui génèrent ces activités. Car les raisons qui poussent les sociétés humaines à surexploiter la diversité biologique sont nombreuses. Elles ne tiennent pas, sauf exception, à la seule volonté de détruire. Elles résident de manière beaucoup plus insidieuse dans nos comportements et dans nos choix en matière de développement économique.

La pression démographique et la pauvreté sont, sans aucun doute, les principaux moteurs de la dégradation de l’environnement dans les pays du Sud. Quand il faut se nourrir au quotidien, on se préoccupe moins de la conservation de la biodiversité. La pauvreté pousse notamment au braconnage. La lutte contre la pauvreté est d’ailleurs l’un des grands objectifs du programme des Nations Unies pour le Millénaire. Sur le papier tout au moins, car les pays développés ne sont guère pressés de remplir leurs engagements.

Plus généralement, économie de marché et protection de la biodiversité obéissent à des logiques différentes. La protection de la biodiversité s’inscrit sur le long terme. Elle incite à limiter l’usage des ressources naturelles. Au contraire, l’économie de marché privilégie une logique de productivité maximale et de rentabilité à court terme par une utilisation accrue de ressources naturelles. C’est ce que l’on observe actuellement dans le domaine de la pêche ou dans celui de l’exploitation des forêts tropicales. La logique du marché est rarement remise en cause

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