Les régionalismes français n'existent pas seulement au Québec, en Belgique ou en Suisse. Ils sont nombreux non seulement en France, mais aussi aux Antilles, en Afrique, dans la région de l'océan Indien (La Réunion, île Maurice, île Rodrigues) et dans le Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Polynésie et Wallis-et-Futuna).
- Haïti
Dans presque toutes les îles des Caraïbes, les locuteurs parlent le créole comme langue maternelle, mais le français est la langue officielle dans plusieurs îles: Martinique, Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Haïti. Or, ces insulaires ont néanmoins créé des régionalismes français. En Haïti, les régionalismes proviennent du vieux fonds français ou d'emprunts sémantiques au créole.
aller à la commode: aller à la toilette
assesseur: conseiller municipal
avoir la bouche sucrée: mal prononcer le français; éprouver de sérieuses difficultés de prononciation
baroque: impoli, mal élevé
bébé: belle femme
bêtiser: raconter des bêtises
bonjour: ne se dit que jusqu'à midi
bonsoir: ne se dit qu'à partir de midi
bourgeois: personne riche
cale: petit morceau (de pain, de viande, etc.)
chérant: commerçant qui vend à un prix excessif
chèqueur: personne qui touche un salaire sans rien faire
heure haïtienne: heure approximative correspondant à un retard assez important
macoute: récipient ou sac fait de grosse toile; homme de main (politique)
machine: voiture, automobile
morne: petite montagne isolée de forme arrondie
patate (gagner une): gagner son pain
- Martinique et Guadeloupe
Comme dans le cas d'Haïti, les régionalismes français de la Martinique et de la Guadeloupe proviennent de la souche antillaise et créolophone. Là aussi, les archaïsmes français sont fréquents, mais les constructions populaires abondent également. Si les Français habitant la Martinique et la Guadeloupe ont tous le français comme langue maternelle, il y a aussi des Noirs et des Mulâtres qui l'ont adopté, bien que la plupart des Martiniquais et des Guadeloupéens l'utilisent généralement comme langue seconde.
argent braguette: allocations familiales
bailler: donner
biguine: danse traditionnelle des Antilles
bombe: petit car (bus) rapide
cabaret: plateau
combat de coqs: conflits entre deux hommes (mâles)
commère: amie, femme bavarde; mère de l'enfant (par rapport à la marraine)
compère: parrain (par rapport au père) ou père de l'enfant (par rapport au parrain)
couleuvre: boa
couresse: couleuvre
grand-bras: variété de grosses crevettes
morne: petite montagne isolée de forme arrondie
queue-rouge: variété de grosses crevettes
ti-bois: sorte de tambour
trace: sentier en montagne
zhabitant: personne qui habite la campagne
zouker: danser sur du zouk (danse)
- Île de la Réunion et île Maurice
Les îles «francophones» de l'océan Indien partagent avec les Antilles un fonds créolophone. Les régionalismes de l'océan Indien francophone, l'île de La Réunion et l'île Maurice, sont caractérisés par le recours aux archaïsmes et à des emprunts locaux. Les insulaires parlent le créole comme langue maternelle et le français comme langue seconde.
âge cochon: adolescence (Maurice)
argent-z'enfants: allocations familiales
avoir la coco dur: avoir la tête dure
bazardier: commerçant d'un marché (Maurice)
bureau de deuil: entreprise de pompes funèbres (Maurice)
cocasse: mignon (Maurice)
commandeur: contremaître
contour: virage
couillonnisse: imbécillité, idiotie, bêtise
cuiteur: légèrement pris de boisson
culottes grandes manches: pantalon long
cuscute: importun (Maurice)
ariner: pleuvoir d'une pluie fine
goûter: petit déjeuner
gros-doigt: personne maladroite
hisser-pousser (masc.): marchandage (Maurice)
mariage derrière la cuisine: relations sexuelles clandestines
piton: toute élévation du relief
rhumé: ivre (de rhum)
soulaison: être ivre
tortue-bon-Dieu: coccicelle
Virer son pantalon: retourner sa veste ou changer d'idée (cf. Virer capot au Québec)
zhabitan: cultivateur; demeuré
- Nouvelle-Calédonie
En Nouvelle-Calédonie (océan Pacifique), les régionalismes employés dans le français local sont appelés des néo-calédonismes. Le français de cette région du Pacifique doit parfois à l'anglais un certain nombre de ses mots. Les Néo-Calédoniens d'origine mélanésienne utilisent le français comme langue seconde, et les Français évidemment comme langue maternelle.
baby-boy: bébé mâle
boîte à sardines: habitation en tôle, surpeuplée
broussard: quelqu'un qui habite hors de la capitale (Nouméa)
buggy: véhicule léger, haut sur quatre roues, et tiré par un cheval
Canaque: Mélanésien
cash: (payé) argent comptant
coaltar (masc.): goudron
creek: cour d'eau
djumper: accaparer
emboucané: empoisonné
féminines: femmes
gratteur: coureur de jupons
hachot: hachette
jeannerie: boutique de jeans lotomanie: manie de la loterie
mutoï: policier
nordiste: qui est originaire du Nord de la France (Paris)
package: voyage organisé (par une agence)
peep: jeep
pétrolette: canot automobile
popinette: jeune fille (mélanésienne)
poquène (masc.): anglophone
samourai: travailleur immigré d'origine japonaise
sandwich (masc.): immigré de l'île Vaté (ou Sandwich)
tayo (masc.): ami; homme
trou d'eau: puits
