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UNITE VI

LA TABLE EST SERVIE !

Production écrite

  1. Lisez le texte et énumérez par écrit tous les plats proposés au restaurant.

Le déjeuner de Sousceyrac

Les deux amis, Philippe et Jean, se sont arrêtés dans une petite ville au sud-ouest du Massif central pour prendre le déjeuner.

Madame Prunet les attendait sur le seuil de l’hôtel.

« Tout est prêt, messieurs », dit-elle.

Et elle les conduisit dans la salle à manger située au premier étage.

Les dernières abeilles de la saison s’insinuaient en bourdonnant à travers les rayures d’or pâle des persiennes. Jean ouvrit la fenêtre toute grande.

« Nous serons très bien ici » dit-il.

En raison de l’heure déjà avancée, ils étaient seuls dans la pièce assez banale, mais d’une propreté parfaite. Le parquet, humide encore d’un récent lavage, sentait l’eau de savon. Il y avait des fleurs champêtres dans les cornets de faux cristal. Aux murs, des gravures coloriées évoquaient les batailles navales, où des vaisseaux et des frégates de chez nous étaient en train de s’expliquer sévèrement avec leurs petits camarades d’outre-Manche.

Philippe et Jean s’installèrent près de la fenêtre, devant la table où leurs couverts étaient mis.

« Qu’allez-vous nous donner, chère madame ? demanda Jean.

- Du poulet, puisque vous en désirez, messieurs, répondit madame Prunet. Mais comme il n’est pas tout à fait à point, j’ai pensé vous faire goûter autre chose. »

Il s’agissait d’un foie de canard et d’un saladier d’écrivisses, qu’elle disposa devant eux.

« Ce n’est pas très varié comme hors-d’œuvre, poursuivit-elle. Si vous désirez des sardines à l’huile, je peux envoyer la petite en chercher une boîte à l’épicerie qui n’est pas loin.

  • Pour Dieu, gardez-vous-en, ma chère dame. C’est très bien ainsi ! » s’écria Jean.

Tandis que madame Prunet se retirait, il donna un coup de coude à Philippe.

« Eh ! mais, dis donc, les choses n’ont pas l’air de trop mal s’arranger.

- Pourquoi veux-tu nécessairement être tombé dans un guet-apens ? » répliqua Philippe avec aplomb.

Il y avait seulement dix minutes, il n’était point aussi rassuré. Ce fut ce que Jean faillit lui répondre. Mais il fut assez magnanime pour ne pas insister.

« Voyons ces écrivisses. Elles ne sont pas très grosses, mais le court-bouillon qui les baigne me paraît avoir été composé selon les véritables règles de l’art. Echalote, thym, laurier. Parfait ! Rien ne manque.

- Quant au foie gras, dit Philippe, il est tout simplement merveilleux. Je te conseille de le comparer avec les purées qu’on nous sert à Paris.

- Décidément, dit Jean, tu as eu une riche idée en nous faisant passer par Sousceyrac. En tout cas, que mes éloges ne t’empêchent pas de nous verser à boire. »

Il y avait sur la table deux sortes de vins, l’un blanc, l’autre rouge. Jean goûta à l’un et à l’autre. Le blanc était léger, avec un arrière-goût de résine qui n’était pas désagréable. Quant au rouge, il était un peu épais, un peu violacé, mais si plein d’honnêteté et de fraîcheur !

« Maintenant, le poulet peut être brûlé, j’ai moins peur. Avec ce vin, ce foie gras, ces écrivisses, nous verrons toujours venir. Allons, redonne-nous à boire et quitte cette mine de catastrophe. »

Il rit. Philippe consentit à sourire. Le saladier, énorme pourtant, était déjà à moitié vide. Du foie, il ne restait qu’une mince tranche, que Jean s’adjugea. Quant aux bouteilles, elles ne risquaient plus, en se renversant, de causer à la nappe le moindre dommage.

« Excellente entrée en matière, madame, dit Jean à l’hôtesse. Sans mentir, si le plat de résistance est de la même lignée que les hors-d’œuvre … Mais qu’est-ce que vous nous apportez là ?

- Des truites du pays, monsieur, répondit-elle avec son air perpétuel de s’excuser. Mon petit-neveu les a pêchées cette nuit. Je les avais promises à quelqu’un des environs. Mais tant pis ! J’aime autant que vous en profitiez.

- Inspiration du Ciel, ma bonne dame. Regarde-moi ça, Philippe. Sont-elles gracieuses, les mignonnes ! Qu’en penses-tu ? »

Philippe haussa les épaules.

« Je te l’avais bien dit, fit-il, quand Mme Prunet eut regagné sa cuisine. Pourquoi n’aurions-nous pas été admirablement ici ?

- Ouais ! dit Jean. Enfin ne rouvrons pas les vieilles querelles. Repasse-moi le plat. Hé ! là, hé ! là, laisse-m’en.

- Le vin blanc qui me paraissait un peu faible sur les écrivisses, s’harmonise fort bien avec les truites », dit Philippe.

Verre en main, ils se regardèrent en souriant, légèrement renversés contre le dossier de leurs chaises…

Mme Prunet entra, nantie d’un plat de cèpes farcis. Les deux amis lui firent une ovation.

« A boire, à boire ! cria Jean.

- Tu voudras bien constater, dit Philippe solennellement, que les champignons que voici n’ont aucun rapport avec les misérables morceaux de pneumatiques huileux qu’on débite partout sous le nom de cèpes à la bordelaise. Tu es rassuré, j’espère, à présent ?

- Si je le suis ! C’est-à-dire que je suis au comble de l’amertume de n’avoir découvert Sousceyrac que le dernier jour des vacances, à la veille de notre séparation. Ca m’embête bien de te quitter, mon petit Philippe, tu sais.

- Reste avec moi. Les braves gens de Vierzon chez qui je vais seront ravis. Je leur ai souvent parlé de toi.

- Tu n’es pas fou ? Et le ministère ?

- Deux jours, trois jours de plus, qu’est-ce que c’est que cela ? Personne n’en mourra.

- Impossible, te dis-je … après-demain, sans faute, je dois être rue de Grenelle. Aujourd’hui, c’est mon chant du cygne.

- En fait de cygne, regarde. Voilà qui me fait l’effet d’un assez joli canard en salmis. »

Jean leva les bras au ciel.

« Imbécile. Imbécile ou ivrogne. Il est indigne d’être originaire d’un tel pays. Il prend pour un salmis de canard un civet de lièvre. Et quel civet ! Mes compliments, madame. C’est onctueux, c’est noir, c’est magnifique. Nous vous avons sottement défiée. Vous avez relevé le défi. Croyez que nous ne vous en gardons aucune rancune. Mais sapristi, il fallait prévenir ! C’est que je commence à être à bout de souffle. Allons-y pourtant. Sainte Vierge, je n’ai jamais rien mangé de pareil !

- Vous êtes trop indulgent, monsieur, dit Mme Prunet. Moi, je ne suis pas très satisfaite de ce lièvre. Il avait perdu beaucoup de sang. Le poulet sera, je crois, mieux réussi.

- Le poulet ?

- Ne m’avez-vous pas réclamé du poulet ? Excusez-moi, il ne faut pas que je le perde de vue. Un coup de feu est si vite attrapé.

- Cette brave dame a juré notre mort», dit Philippe.

D’après P. Benoit Le Déjeuner de Sousceyrac

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