
Temps Présent
La valeur sémantique du Présent de l'Indicatif est réduite à quatre cas:
une action qui a lieu au moment de la parole où u n f a i t d' h a b i t u d e:
“Que FAIS-tu? – J'ÉCRIS une lettre”
“Je me LÈVE à 7 heures chaque jour”.
une action absolue, hors du temps, u n f a i t g é n é r a l. C'est le présent аtemporel, le « présent absolu » :
“La lune EST une satellite de la Terre”
une action déjà accomplie au moment de la parole, se rapportant à u n p a s s é r é c e n t (ce n'est que le nombre restreint des verbes qui s'emploient en pareil cas: apporter, arriver, venir, revenir, sortir, amener):
“Je vous APPORTE une bonne nouvelle”
u n e a c t i o n f u t u r e comme certaine et décidée:
“Nous PARTONS demain”
Outre ces emplois «normaux», le Présent peut avoir des emplois stylistiques.
1. En certaines circonstances le présent exprime une action future de la sorte que:
a) l'action est présentée comme si elle se passait devant les yeux des interlocuteurs. Alors, d'une part cet emploi prête un caractère évident et vif, d'autre part il souligne la certitude de celui qui parle:
“C'est très simple. Nous SUIVONS le guide. Nous PÉNÉTRONS, sur ses traces, dans un immeuble, situé non loin de là. Nous la RÉJOIGNONS dans l'escalier. Nous RENTRONS derrière lui dans un appartement du troisième. Nous PRENONS des valises. Nous les DESCENDONS et nous les POSONS dans la charette à bras... Le reste ne nous regarde pas”.
b) le fait futur est présenté comme la conséquence inévitable d'un autre fait. Cet emploi est surtout propre aux menaces ou aux avertissements menaçants:
“Réponds ou je te TUE! hurlait l'officier en le secouant” (Fréville).
“Deux mots de plus, duègne, vous ÊTES morte!”
2. Le Présent peut aussi exprimer un fait passé en cas suivants:
a) dans un récit au passé, le présent peut exprimer un fait qui a lieu dans un passé plus au moins éloigné mais que l'on présente comme s'il était en train de produire au moment ou l'on parle; c'est « le présent historique » ou « narratif », fréquemment employé pour donner au récit une vivacité particulière:
“On lui lia les pieds, on vous le suspendit;... . Puis cet homme et son fils le PORTENT comme un lustre”.
b) l'emploi parallèle du Présent et de l'Imparfait dans une proposition peut être le moyen:
d'exprimer le caractère affectif du jugement:
“Il m'a retiré l'unique soutien de ma triste vie, celle par qui, depuis treise ans, j'oubliais que je SUIS aveugle” (Thierry).
de dévoiler l'ironie caché de l'auteur, par le caractère catégorique du Présent, employé au lieu de l'Imparfait:
“... les livres de voyage lui disaient qu'il FAUT être marrin, les livres d'histoire qu'il FAUT être au moins général, et tous qu'il FAUT avoir un uniforme afin de battre les Nations” (Philippe).
L'Imparfait
L'Imparfait présente une action passée dans un déroulement sans limite qui dure encore au moment du passé dont on parle.
“La façade qui DONNAIT sur l'intérieur des terres ÉTAIT séparée du chemin par une vaste cour plantée de pommiers” (Maupassant).
Néanmoins, dans ses emplois stylistiques l'Imparfait peut marquer un fait momentané qui s'accomplit à un moment bien déterminé du passé.
1. Les possibilités narratifs de cette forme temporelle sont réduites au cas de l'emploi de « l'imparfait pittoresque », toujours avec la mise en relief de l'action qui aurait du être employée au Passé Simple (plus rarement au Passé Composé).
“Louis XIV SE REMARIAIT deux ans après”.
Cet emploi de l'imparfait s'explique par le besoin de décrire: on étend, en quelque sorte, le moment précis dont il s'agit et l'on présente l'action comme si elle avait eu une certaine continuité.
“A ce moment même, dans la salle du Conseil de l'hôtel de la ville, Robespierre RECEVAIT un coup de pistolet qui lui brisa la machoire et mit fin à la Terreur”.
2. Сomme extention du sens de l'Imparfait apparaît aux XIX siècle « l'Imparfait de rupture ». L'Imparfait de rupture se distingue des emplois habituels de l'Imparfait en ce qu'il marque un procès perfectif. Mais ce n'est pas de la même façon que le Passé simple: l'Imparfait joue en fait un rôle de clôture d'un épisode, ou d'une histoire, lorsqu'il y a un intervalle, une rupture dans la succession des événements qu'on raconte. Cet Imparfait il énonce une information qui fait avancer le récit mais qui est rattachée à l'unité thématique précédente.
“Je vous remercie, mais je crois que j'ai assez voyagé: il faut maintenant que je rentre en France. Le surlendemain je PRENAIS un bateau pour Marseille” (J.-Paul Sartre, La nausée).
L'Imparfait de rupture désigne un événement ponctuel, daté par l'expression adverbiale “Le surlendemain”, mais l'énoncé n'ouvre pas sur une suite temporelle. Il vient au contraire conclure l'étape du récit, qui laisse place au retour du “discours”.