Добавил:
Upload Опубликованный материал нарушает ваши авторские права? Сообщите нам.
Вуз: Предмет: Файл:
Урок 1.doc
Скачиваний:
0
Добавлен:
01.05.2025
Размер:
311.81 Кб
Скачать

Texte complémentaire Simon Sermet met le feu à son école

A l`arrivée des Allemands, le fils de Simon, ainsi que plusieurs de ses anciens élèves, jeunes garçons du village, ont pris le maquis1. Pendant un combat avec les soldats allemands un de ces jeunes gens, Jacques Vidalenc, a été tué. Simon Sermet, à qui on a transmis la nouvelle de cette mort, va l`apprendre aux parents de Jacques.

Vidalenc avait compris très vite. Quand Simon avait mis sa main sur son épaule et quand les lèvres du maître d`école s`étaient approchées de son oreille, ses poings s`étaient fermés sur le col ouvert de sa chemise. Il avait baissé la tête. Puis il l`avait relevée d`un coup et dit:

- Ah! Simon, Simon, ce petit, nous n`avons même pu le revoir.

Il se retourna soudain contre la porte et se mit à pleurer sur ses bras levés. La main du maître restait sur son épaule.

Les larmes emplirent les yeux de Simon. Il revoyait dans le passé le fils Vidalenc pleurant contre un acacia. C`était pour un oiseau. Le gamin avait ramassé un nid abattu par le vent. Dans le nid il y avait un oiseau et l`oiseau était mort presque aussitôt.

Vidalenc pleurait comme son fils. Combien cela dura-t-il? Quelques secondes sans doute et Simon eut l`impression d`un temps très long 2. Puis il fallut répéter les mots de mort à la mère et à la grand-mère.

- Monstres! hurla la mère, ah! maudit!

Elle s`était tournée dans la direction de l`école. Les mains de Simon se mirent à trembler. Ce n`était pas l`école de Fontvieille que cette mère maudissait, c`étaient les meurtriers de son fils.

Vidalenc releva la tête vers Simon.

- Ils ne veulent pas te la rendre, cette école!

Le maître fit un geste vague.

- Ils la rendront, dit Vidalenc violemment. Il faut qu`ils la rendent.3 Ils ne peuvent pas tout avoir: nos enfants et notre école ...

Le coeur de Simon Sermet se mit à battre. Vidalenc avait dit: «notre école». Il parlait de cette vieille école de village où ce soir habitait la guerre. Entourée par des barbelés, pleine de fusils et de cartouches, et de barils d`essence pour les camions ennemis ...

C`est peut-être en cet instant que Simon commença de marcher vers elle.

* * *

Simon n`avait pas dormi. Pas une seconde, le sommeil n`avait troublé son esprit. Il se sentait au contraire très calme.

Il se glissa au bas du lit, étendit le bras vers ses habits disposés sur une chaise près de la commode. Il s`habillerait en bas. L`important était de sortir de la chambre sans réveiller Lucienne.

Il descendit vers la cuisine et s`habilla rapidement. Il prit des allumettes et ouvrit la porte de la cour.

Il marcha vers la cabane où son père rangeait ses outils de jardinier. A tâtons, il chercha les lourdes cisailles. Il sortit du jardin.

Au moment d`arriver à la place, il laissa le chemin des maisons et enjamba la barrière du jardin des Truffié. Au bout du jardin, il reconnut un sentier de terre entre des maïs et un champ de luzerne. Ce sentier menait derrière l`école. Il se remit à marcher lentement. A dix mètres du mur de l`école, il s`allongea et laissa passer quelques minutes. Il avait entendu des voix.

Il rampa avec précautions vers les barbelés. La main droite serrait les cisailles. Le premier fil craqua. Il s`avança. Son père avait acheté cet outil, pour réparer des clôtures. Et Simon reprenait l`outil du paysan pour ouvrir sa route dans la guerre.

Pendant de longues minutes il pursuivit cette tâche, puis il s`approcha du mur en rampant encore. Alors il se mit debout. Le mur n`était guère plus haut qu`un homme. Combien de fois lui-même ou des enfants l`avaient enjambé.

Personne dans le jardin. Une demi-douzaine de lourdes motos s`appuyaient au mur. Il passa une jambe, puis l`autre et se laissa glisser 4 avec précautions. Il gagna l`entrée du bûcher, s`y glissa et craqua une première allumette pour reconnaître l`endroit. Il y avait des fagots très secs.

Simon rampa vers le dehors, se releva et marcha sans bruit vers les motos. Il se baissa pour ramasser un bidon et regagna le bûcher. A nouveau il s`approcha des fagots. L`odeur de l`essence chassa le merveilleux parfum du bois sec. Il leva les bras lentement. Le bidon était lourd. L`essence coula sans bruit sur les fagots.

L`allumette craqua sèchement, Simon allongea le bras. La flamme devint claire et se coula dans les fagots. Il courut vers la porte du bûcher. Des craquements lui annoncèrent que le feu brûlait toujours. Il grimpa au sommet du mur, retomba de l`autre côté, chercha le passage dans les barbelés, puis il courut. Bientôt il dut s`allonger dans les herbes hautes. Son coeur lui faisait mal. 5 Il ne trouvait plus d`air. Rien ne bougeait en bas. Est-ce que le feu s`était éteint? Soudain, la lueur monta au-dessus des arbres. L`école de Fontvieille brûlait. Des explosions secouèrent la nuit. Simon Sermet retomba dans l`herbe en sanglotant. Il avait mis le feu à son école.

Il avait tué le trésor en même temps que les voleurs.

Il se remit debout. Il croyait entendre 6 le cri terrible d`une mère: «Monstres! Ah! maudit!». C`était pour cette mère et pour Vidalenc qu`il avait mis le feu à son école. Pour Vidalenc et d`autres, les écoliers du passé et de l`avenir. Pour tous les maîtres tombés.

Simon se mit à marcher vers le village. Il se sentit fort et léger. Une voix répétait en lui: «C`est la mort que j`ai tuée, c`est le mal. Mes fils viendront pour bâtir».

D`après Pierre Gamarra, Le maître d`école.

1 (ils) ont pris le maquis – они ушли в партизаны.

2 (il) eut l`impression d`un temps très long – ему показалось, что это длилось очень долго.

3 Il faut qu`ils la rendent. – Они должны её вернуть.

4 (il) se laissa glisser – он соскользнул.

5 Son coeur lui faisait mal. – У него болело сердце.

6 il croyait entendre – ему казалось, что он слышит.

23

Соседние файлы в предмете [НЕСОРТИРОВАННОЕ]