
- •Normandie-Niémen 1
- •Notes l`origine de l`escadrille «Normandie-Niémen»
- •Décorations soviétiques
- •Décorations françaises officielles
- •M ots et expressions à retenir
- •Commentaires
- •Beaucoup – гораздо
- •Ordre – décoration
- •Paire – couple
- •Toujours
- •Penser à – penser de
- •L`absence de l`article devant l`attribut
- •Questionnaire
- •Exercices de vocabulaire et de langage
- •Texte complémentaire Elsa Triolet nous parle de «Normandie-Niémen»
- •L`origine de la Marseillaise
- •La Marseillaise
CINQUIÈME LEÇON
-
Grammaire
Reprise.
Futur immédiat. Passé immédiat (dans le passé).
Pronoms démonstratifs.
L'indéfini aucun.
Verbes en -oindre (-eindre).
Verbe battre.
Normandie-Niémen 1
Martine Monod est une romancière française, née en 1921.
Elle a écrit plusieurs romans dont trois ont été traduits en russe: «Normandie-Niémen», «Le whisky de la Reine» («Ром королевы») et «Le nuage» («Облако»). Ce dernier, paru en 1955, est une mise en garde 2 contre le danger des essais atomiques.
Le roman «Normandie-Niémen», paru en 1960, est, comme dit l`auteur, «un récit romancé d`une histoire vécue» 3 . Martine Monod s`est servie, pour créer ce roman, du scénario et des dialogues écrits par le scénariste belge Charles Spaak et les écrivains Elsa Triolet et Constantin Simonov pour le film «Normandie-Niémen», réalisé en coproduction 4 par les cinéastes français et soviétiques.
La réunion se tenait à l`intérieur d`immenses ruines. Ce qui restait des murs disparaissait sous les guirlandes et les fleurs en papier, les petits drapeaux et les banderoles en russe et en français. «Gloire à nos camarades de combat français» proclamait la plus grande.
Tout le monde était là: pilotes russes et français, mécaniciens, personnels des cuisines et des différents services de la base. Dans le fond, le général Komarov se tenait debout, il y avait à côté de lui le commandant Flavier et le colonel Sinitzine.
Maintenant on chantait la «Marseillaise». Une «Marseillaise» en russe, étrange à l`oreille française ... Les voix françaises s`y joignirent. La synchronisation n`était pas facile. Les Français chantaient beaucoup plus vite 5 que les Russes. Ceux-ci mettaient de la solennité grave là où ceux-là apportaient unе violenсе joyeuse.
Le chant s`achevait. Komarov leva la main.
- Messieurs, dit-il en français. - Par décision du gouvernement soviétique, et en souvenir de votre action glorieuse lors du passage du Niémen, votre régiment portera désormais le nom de «Normandie-Niémen».
Un immense «Hourrah!» remplit les ruines.
Komarov leva la main, le silence se rétablit.
- Par ordre du Soviet Suprême, le plus haut honneur militaire est accordé à trois de vos camarades.
Il prit sa respiration comme il le faisait toujours quand il allait parler en français.
- Lieutenant Marcel Benoit! Lieutenant Roland de Villemont!
D`un pas un peu mécanique, ils quittèrent les rangs et s`immobilisèrent devant la table, sur laquelle des écrins rouges étaient disposés. Derrière le masque officiel, une lueur de joie dansait dans les yeux de Komarov.
- Marcel Benoit, par décision du Soviet Suprême, vous êtes nommé Héros de l`Union Soviétique avec attribution de l`Etoile d`Or et de l`Ordre de Lénine.
- Roland de Villemont, par décision du Soviet Suprême, vous êtes nommé Héros de l`Union Soviétique avec attribution de l`Etoile d`Or de l`Ordre de Lénine.
Sans hâte, en leur serrant la main, il remit à chacun des deux pilotes les écrins contenant les décorations.
A nouveau, les «hourrah!» retentirent. «Si je suis aussi pâle que Villemont, se dit Benoit, on doit faire une jolie paire de Pierrots!» Malgré lui, il se sentait une boule dans la gorge. Et parce qu`un certain degré d`émotion lui avait toujours été insupportable, il dit tout bas à Villemont, en rejoignant leurs places 6.
- Le marquis Roland de Villemont, Héros de l`Union Soviétique! ... On aura tout vu ... 7
- La tante Adélaïde va me déshériter, soupira Villemont.
Et, toujours au garde-à-vous 8 , il ajouta avec calme:
- Mais, je m`en fous! 9
Komarov avait pris trois autres écrins.
- Le même honneur est accordé au lieutenant Lemaître ... Sa voix tremblait un peu, puis il acheva. – A titre posthume. 10
Cette fois il n`y eut aucun «Hourrah» aucun cri – rien qu`un silence. Le général se tourna vers Flavier.
- Je remets les décorations au commandant du Normandie-Niémen.
Flavier prit les écrins de Lemaître, Chevalier à l`Etoile d`Or et de l`Ordre de Lénine. Mort, Lemaître! lui qui savait si bien aider les autres à vivre. Flavier regarda son escadrille. Il y avait encore beaucoup de chemin jusqu`à Berlin – la mort de Lemaître, ils la paieront au centuple.
* * *
La guerre continuait.
Avec l`armée soviétique, l`escadrille «Normandie-Niémen» avançait vers l`Ouest. Le paysage, sur son chemin, changeait, la langue des pays traversés changeait, et les habitations et les mœurs changeaient. Il n`y avait que l`horreur qui ne changeait point. Ruines, cadavres, le malheur total, l`humiliation de l`homme et la douleur surhumaine ... Un jour, Berlin tomba. Les villes libérées, les hommes libérés, les portes des camps et des prisons qui s`ouvraient ... la victoire.
Depuis le jour, où une vingtaine de pilotes français arrivèrent sur un petit terrain, quelque part, non loin de la Caspienne, l`escadrille, 96 pilotes en tout, avait vécu quatre mille trois cent cinquante-quatre heures au-dessus des lignes ennemies, accompli cinq mille deux cent quarante missions, livré huit cent soixante-neuf combats, remporté deux cent soixante-treize victoires, perdu près de la moitié de ses pilotes.
Les compagnons d`armes étaient une dernière fois rassemblés sur un terrain. Tous les survivants étaient là, les Français et les Russes: aujourd`hui, ce qui restait de «Normandie-Niémen» rentrait en France. L`Etat-Major du général Komarov et le régiment frère du Normandie-Niémen, le 18e de la Garde 11 , au grand complet, étaient sur le terrain. Le grand jour était arrivé, l`escadrille française rentrait en France.
Les pilotes montaient dans leurs Yaks, des Yaks dont le gouvernement soviétique leur avait fait don. Les amis soviétiques étaient encore une fois sur le terrain pour les voir partir dans le ciel, cette fois non pas pour le combat, mais pour chez eux, la maison. Mais ceux qui partaient et ceux qui restaient, dans la diversité des destins qui les attendaient, gardaient pour toujours au cœur la mémoire de ce qui fut, comme un lien commun, un lien profond qu`il n`est dans le pouvoir de personne de défaire 12 .
D`après Martine Monod, Normandie-Niémen.
1 le Niémen [njemεn].
2 ... est une mise en garde – является предостережением.
3 un récit romancé d`une histoire vécue – художественное повествование о действительных событиях.
4 réalisé en coproduction – снятый совместно.
5 beaucoup plus vite – гораздо быстрее (voir com. 1).
6 en rejoignant leurs places – возвращаясь на место.
7 On aura tout vu ... – Чего только не увидишь.
8 et, toujours au garde-à-vous – и, продолжая стоять по стойке смирно (voir com. 4).
9 Mais, je m`en fous! (vulg.) – Но мне на это наплевать.
10 A titre posthume. – Посмертно.
11 le régiment frère du Normandie-Niémen, le 18e de la Garde – 18-й гвардейский полк, собратья по оружию летчиков Нормандия-Неман.
12 un lien profond qu`il n`est dans le pouvoir de personne de défaire – крепкие узы, которые никто не в силах разрушить.