
- •26. Catégorie de la norme et sa pertinence en stylistique. La caractéristique stylistique du vocabulaire du français moderne. Marquages diachronique, géo-linguistique et socio-culturel.
- •27. Valeur stylistique vis-à-vis de la signification lexicale. Composantes de la valeur stylistique et leur position dans la structure de la signification lexicale.
- •La notion de la valeur stylistique
- •28.Différenciation stylistique de la langue. Variantes et synonymes. Styles langagiers.
- •Figures de sens ou tropes. Figures de pensée. L’ironie. Les figures de construction
- •30. La cohérence du texte. Les types de séquences. La dimension configurationnelle du texte. La cohésion textuelle. La progression thématique.
- •La cohérence
- •La cohésion
- •La progression thématique
- •31. Spécificité de l’énoncé littéraire. Discours et récit.
31. Spécificité de l’énoncé littéraire. Discours et récit.
Une langue nationale existe non seulement sous la forme des styles fonctionnels, mais aussi sous la forme de la langue de belles lettres. Elle sousentend l’ensemble des styles individuels des écrivains et des poètes. Le style d’un écrivain présente lui aussi un système de moyens d’expression résultant du choix et du mode d’emploi des éléments fournis par la langue. La langue de belles lettres a des fonctions spéciales; aussi a-t-elle ses traits spécifiques.
Si pour la stylistique linguistique le texte n’est qu’un mode d’expression régi comme d’autres type de communication par des lois générales, pour la stylistique littéraire c’est en premier lieu une oeuvre d’art qui en tant que telle, devient l’objet principal de ses recherches. Cette stylistique étudie l’oeuvre dans sa totalité ou ses éléments du point de vue de leur fonction esthétique, ce qui implique également l’analyse de la fonction stylistique de certains moyens d’expression, employés dans le texte.
Celle-ci apparaît donc comme un trait d’union reliant les deux branches de la stylistique, tandis que la fonction esthétique sert de notion fondamentale, définissant la spécifité de la branche littéraire. La fonction esthétique est propre à l’oeuvre littéraire, prise dans sa totalité, mais toutes ses composantes, tous les éléments concourent à créer cette fonction étant donné qu’ils forment un tout indissoluble régi par l’intention esthétique de l’auteur.
L’énoncé est ce qui est dit ou écrit.
L’énonciation est l’ensemble des procédés qui révèlent la présence de l’émetteur de l’énoncé ou énonciateur à l’intérieur même de son énoncé.
On a l’habitude de classer les énoncés en deux types : le discours et le récit.
Discours (Énoncé ancré) - Énoncé, écrit ou oral, dans lequel l’énonciateur se réfère à l’acte d’énonciation : identité des interlocuteurs, lieu et moment de l’énonciation (déictiques ou embrayeurs), attitude des interlocuteurs… pour entrer ou rester en contact. Ces références ne sont interprétables que par les interlocuteurs.
Récit (Énoncé coupé) Énoncé, écrit ou oral, dans lequel les références à l’énonciateur ou à l’acte d’énonciation sont absentes. Le « discours » qualifie toute énonciation écrite ou orale qui est rapportée à sa situation d’énonciation (le « je-ici-maintenant ») et qui en porte donc un certain nombre de traces, comme par exemple les modalisateurs.
Le récit, à l’inverse, correspond à un mode d’énonciation narrative qui se donne comme dissociée de la situation d’énonciation. Les événements sont présentés comme se racontant d’eux-mêmes.
Puisqu’il fait référence à la situation d’énonciation, le discours utilisera les déictiques ; puisqu’il est coupé de la situation d’énonciation, le récit utilisera les anaphoriques.
Les déictiques (du grec deixis, « montrer », comme l’index est le doigt avec lequel on montre les choses) regroupent l’ensemble des outils de la langue compréhensibles seulement s’ils sont mis en rapport avec une situation d’énonciation : ici, par exemple, n’a aucun sens s’il est coupé du contexte dans lequel il a été énoncé (ici renvoie par essence au lieu dans lequel se trouve l’énonciateur) ; maintenant ne renvoie à rien si l’on ne sait à quel moment il a été énoncé (maintenant renvoie au présent de l’énonciation, concomitant à la parole) ; je n’a pas non plus de référent si l’on ne sait pas qui parle (je change constamment de référent, mais renvoie toujours à l’énonciateur). C’est pour cela que l’on dit que le discours est par définition la situation du « je-ici-maintenant ».
Par opposition, les anaphoriques renvoient à un référent interne à la langue : le lendemain ne renvoie pas à la situation d’énonciation, mais fait référence à un moment futur par rapport à une temporalité donnée dans le récit ; il, celui-ci, par exemple, sont compréhensibles parce qu’ils renvoient à des éléments identifiables en dehors de la situation d’énonciation.
|
DISCOURS (le « Je–ici-maintenant ») |
RÉCIT (les éléments sont présentés comme se racontant d’eux-mêmes) |
Personnes utilisées enpriorité |
Les seules « vraies » personnes : je et tu |
La non-personne ou l’absent du dialogue : il |
Temps utilisés |
Présent |
Imparfait Passé simple |
Passé composé |
||
Système de référence |
Les déictiques (qui renvoient à la situation d’énonciation)
|
Les anaphoriques (qui renvoient à un élément déjà présent dans le texte) |
Lexique utilisé |
Noms de qualité Adjectifs évaluatifs |
Noms et adjectifs objectifs |
32. Le statut de l’énonciateur par rapport à l’énoncé. Voix du narrateur. Voix du personnage. Les discours rapportés : discours direct – discours indirect – discours indirect libre – les formes nouvelles
Tout récit - romans, autobiographies, nouvelles - dépend d’un acte d’énonciation produit par un locuteur. Ce locuteur est toujours le narrateur de l’histoire racontée. Toutefois, on constatera que ces récits, notamment depuis le XVIIe siècle, sont rarement dépourvus d’interventions d’autres actes de paroles, soit par des dialogues, des monologues… Dans ce cas, le narrateur dit « locuteur primaire » relate un acte d’énonciation d’un autre locuteur dit « locuteur secondaire ». Le discours rapporté met en place un minimum de deux situations d’énonciations différentes, imbriquées l’une dans l’autre. Les différents types de discours rapporté
Le discours direct
Le discours direct donne l’illusion de l’objectivité, et permet de relayer l’information en toute neutralité. C’est apparemment la forme la plus littérale de la reproduction de la parole d’autrui (другие). Toutefois le rapporteur peut influencer le discours, notamment avec des éléments tels que les verbes de paroles.
Exemple : « J’ai appelé Max hier. », (préten)dit / reconnut / cria Elsa.
Le discours indirect
Le discours indirect perd son indépendance syntaxique, et se construit donc comme une subordonnée, complément d’un verbe principal signifiant « dire » ou « penser ». Il est généralement bien intégré au discours dans lequel il s’insère et n’est pas marqué par une rupture énonciative.
Exemple : Robespierre a dit que Danton était un traître.
Le discours indirect libre
Le discours (ou style) indirect libre est essentiellement un procédé littéraire qui se rencontre peu dans la langue parlée. Il permet au romancier de s’affranchir du modèle théâtral qui imposait le mimétisme du discours direct. L’auteur peut rapporter les paroles et les pensées au moyen d’une forme qui s’intègre parfaitement au récit, ouvrant des perspectives narratives nouvelles, notamment au XIXe siècle.
Exemple : Pierre le disait toujours. S’il était riche, il ne travaillerait plus !
D’AUTRES TYPES Le discours narrativisé
Le discours narrativisé est le plus difficile à reconnaître. Le narrateur relate les paroles comme un événement du récit sans réelle importance. Le texte nous indique qu’il y a eu acte de parole par un locuteur secondaire, mais le contenu n’est pas descriptible ni transposable.
Exemple : Elle annonça à ses parents son départ pour le Brésil. → On ne connaît pas le contenu de son annonce - par quelles paroles et de quelle manière.
Le monologue intérieur est un procédé de narration littéraire, expérimenté en 1887 et exposé en 1931 par Édouard Dujardin. Ce procédé a pour particularité de suivre les pensées d'unpersonnage. Certains critiques le rapprochent du courant de conscience ou "flux de conscience" expérimenté, entre autres, par Virginia Woolf.