
- •Chapitre 3 : l’économie industrielle internationale Section 1 : Pouvoir de marché et concurrence internationale
- •Il est possible d’exprimer le taux de marge en présence d’importations :
- •2. Concurrence internationale et formation non concurrentielle des prix
- •Section 2 : La multinationalisation des firmes
- •1. Les firmes multinationales et les imperfections de la concurrence
- •2. Les avantages relatifs à l’innovation
- •Section 3 : Internalisation des échanges et comportement stratégique.
- •Multinationalisation dans un contexte de la théorie de l’internalisation.
- •Les théories éclectiques et synthétiques
- •I, pour internalization (internalisation), c'est-à-dire les avantages de l’organisation hiérarchique par rapport au marché.
- •Matrice des gains de deux firmes
- •Section 4. La politique industrielle
- •3. La spécialisation internationale : soutenir ou refuser ?
- •4. Politiques industrielles dans un cadre concurrentiel d’ordre international
- •Il est dès lors possible de déterminer le surplus du consommateur sur les deux types de marché, soit 8 millions de francs dans le cas du duopole et 4.5 millions de francs dans le cas du monopole.
Matrice des gains de deux firmes
Les gains représentés dans le tableau correspondent aux grandeurs suivantes :
Par hypothèse, 1 approvisionne toujours le marché B : quel que soit son choix, le profit associé est positif. Il s’agit donc seulement de déterminer la modalité. En revanche, les gains de 2 dépendent du choix réalisé par 1. Considérons le cas où 2 ne réalise un profit positif que si 1 exporte, c'est-à-dire :
Supposons que les gains de 1 soient hiérarchisés ainsi :
Dans ce cas, 1 préfère exporter quelle que soit la stratégie de 2,
puisque les gains résultant de cette stratégie sont toujours
supérieurs à ceux de la production en B. Cependant, 1 a
intérêt à investir en B, car cela rend la rentrée de 2 non
profitable. La firme 1 est alors en monopole sur le marché B
en produisant sur place, obtenant les gains
qui excèdent les gains obtenus en duopole avec un marché
approvisionné par des exportations,
.
Un tel investissement à l’étranger est stratégique ; il a pour but de prévenir l’entrée dans le marché d’un nouveau concurrent et permet à la firme de rester en situation de monopole.
L’approche de base, développé par Smith, a connu des nombreuses extensions et enrichissements. Parmi les auteurs des contributions à cette analyse on peut citer Jacquemin, Motta, Acocella, Bughin et Vannini.
Jacquemin applique le modèle général à l’intégration européenne dans la perspective de 1993 : l’élargissement de la CEE aux pays du Sud de l’Europe peut conduire à un développement des échanges fondés sur les avantages comparatifs, grâce à un déplacement des capitaux, mais aussi à des investissements directs ayant pour but de procéder à la préemption de secteurs de haute technologie ou plus mûrs dans lesquels les firmes locales ou les concurrents étrangers ne sont pas encore établis. Selon Jacquemin, les investissements directs entre les membres anciens de la CEE ne peuvent s’expliquer par des considérations des coûts, car les économies nationales sont similaires ; ils s’expliquent plutôt par des considérations stratégiques. Ces deux situations sont à l’origine de crainte sur les effets de la libéralisation des mouvements de capitaux et de l’abolition des barrières non-tarifaires si elles ne sont pas accompagnées de l’élaboration de règles internationales de concurrence.
Acocella développe un modèle original dans lequel l’investissement direct n’a plus comme fonction la préemption d’un concurrent potentiel, mais l’absorption d’un concurrent existant, toujours dans la perspective de marché unique. Il met en évidence les caractéristiques différentes d’une expansion par l’exportation et par multinationalisation. L’abolition des barrières a pour conséquence la disparition des rentes de monopoles des firmes en place, alors que le rachat d’entreprises existantes permet de préserver les profits supranormaux. L’incitation à une telle stratégie est d’autant plus forte que les firmes ont un marché d’origine de petite taille et des coûts de production domestique plus élevés.
Les analyses de Jacquemin et d’Acocella mettent en évidence des incitations stratégiques à la multinationalisation dont les approches transitionnelles ne peuvent rendre compte. Selon eux, l’intégration européenne passe essentiellement par des flux commerciaux.
Motta a développé plusieurs modèles enrichissant le concept de base. Il introduit dans l’analyse la différenciation des produits et considère le marché où plusieurs firmes sont en concurrence pour approvisionner le marché étranger. Les résultats obtenus spécifient les valeurs des paramètres pour lesquelles les comportements stratégiques de préemption par la multinationalisation se manifestent, avec des configurations des phénomènes de « follow-the- leader » ou encore d’éviction des exportations émanant des autres firmes du marché d’origine.
Bughin et Vannini introduisent dans le modèle de base l’impact de l’existence de syndicats sur les décisions d’investissement à l’étranger. Ils considèrent, notamment, le cas où il peut exister, comme au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, une syndicalisation au sein de la firme autochtone. Selon eux, la firme multinationale peut éviter la formation d’un syndicat, ce qui est fréquent dans le cas des investissements directs japonais dans ces pays. A part ce résultat, leur approche considère une nouvelle forme d’asymétrie entre multinationales et firmes locales.
Les deux principales modalités d’approvisionnement d’un marché étranger, notamment les exportations et la multinationalisation des firmes, peuvent être analysées à partir des fondamentaux de l’économie industrielle. Les nouvelles approches portent leur raisonnement dans le cadre de la concurrence imparfaite et permettent de prendre en compte simultanément ces deux modalités et d’étudier les différents facteurs qui influencent l’organisation de l’activité des entreprises sur les marchés étrangers.