- •La Chanson de Roland
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- •Xvie siècle : facétie ou hérésie ?[modifier | modifier le code]
- •Xviie et xviiie siècles : la mise à l'écart de la « canaille exquise » (La Bruyère)[modifier | modifier le code]
Sciomachie[modifier | modifier le code]
Parue en 1549, la SciomachieN 9 évoque un banquet grandiose et un simulacre de bataille organisés en l'honneur de la naissance de Louis d'Orléans, second fils d'Henri II. Si le débordement du Tibre empêche la naumachie (combat naval) de se tenir, l'affrontement terrestre met en scène un siège destiné à délivrer la déesse Diane. Le récit de ces festivités illustre la générosité et l'effort de Jean du Bellay pour que resplendisse l'image du royaume de France. Il se présente comme une lettre adressée au cardinal de Guise, faction rivale des du Bellay, ce qui ne manque pas d'ironie58. En réalité, Rabelais s'inspire d'un compte-rendu d'Antonio Buonaccorsi, l'alibi épistolaire conférant un aspect moins solennel, donc plus vraisemblable, à la description59.
Publications savantes[modifier | modifier le code]
Plan de Rome issu de laTopographie de Marliani
Rabelais compose plusieurs épîtres dédicatoires en latin, qui servent de préface pour des ouvrages anciens ou d'Italie. L'édition du second volume des lettres de Manardi de juin 1532 se trouve ainsi introduite par une lettre adressée à Tiraqueau dans laquelle il exprime son admiration du médecin italien, restaurateur de la« médecine ancienne et authentique », par différence avec les adeptes d'une tradition dépassée, qui s'accrochent à une« odyssée d'erreurs »60. Si les plaisanteries et les comparaisons imagées rappellent le style du romancier, la déploration de la crédulité populaire et le souhait du renouveau scientifique sont partagés par nombre de ses contemporains61. La même année, Sébastien Gryphe souhaite éditer les textes d'Hippocrate et de Galien avec les commentaires de Rabelais. Celui-ci, dédiant son travail à Geoffroy d'Estissac, en appelle notamment à la plus grande vigilance dans les livres de médecine, où les incorrections engendrent des conséquences mortelles. Le choix d'un format réduit pour cette édition, en in-16, lui confère alors son originalité et s'explique par le souhait de rendre accessible aux étudiants une vulgarisation de ces écrits canoniques61.
Les deux faux vestiges antiques édités par Rabelais, Le Testament de Lucius Cuspidius et le Contrat de vente de Culita, dédicacés à Amaury Bouchard, viennent respectivement de la main de Pomponio Leto et de Giovanni Pontano. En ce qui concerne le premier, si le latin puise effectivement dans le vocabulaire cicéronien et justinien, il s'y trouve plusieurs maladresses ou singularités peu communes à un testamentaire romain, comme des imprécisions de lieux ou les noms d'esclaves empruntés à Plaute. Le second canular, plus douteux, comporte des expressions familières et des noms incongrus62. Toujours est-il que jusqu’au xviiie siècle, les rééditions ne soupçonnent pas l'imposture, même si en 1587 l'archevêque Antoine Augustin la pressent déjà63. Si l'hypothèse d'une farce orchestrée par Rabelais elle-même paraît peu vraisemblable, l'acquisition du texte par celui-ci reste un mystère64. La dernière épître, destinée à Jean du Bellay, ouvre la Topographia Antiquae Romae de Bartolomeo Marliani. L'écrivain explique le projet avorté d'établir les plans de l'ancienne Rome à partir d'un cadran solaire, méthode qu'il attribue fautivement à Thalès de Milet, en réalité redevable à Anaximène. Son devancier, un antiquaire milanais fréquentant également le cercle du cardinal, établit sa carte depuis les collines de la ville. Son travail, révisé par Rabelais et Gryphe, se voit débarrassé de ses erreurs épigraphiques et typographiques ainsi qu'augmenté d'un index. Il illustre la passion de l'humaniste et de son protecteur pour l'archéologie et, plus globalement, l'Antiquité65.